RDC : Joseph KABILA échange avec les Autorités Traditionnelles du Nord-Kivu à Goma
Dans le cadre de ses consultations engagées avec les différentes couches sociales du pays, Son Excellence Joseph KABILA Kabange, ancien Président de la République, a reçu ce vendredi 30 mai 2025 à Goma une délégation représentative des Autorités Traditionnelles du Nord-Kivu.
Un dialogue dans un contexte de tensions et de recomposition locale
Cette rencontre intervient dans un contexte particulier : une partie significative de ces chefs coutumiers présents à la rencontre sont issus de nominations opérées par le mouvement de l’AFC/M23, aujourd’hui accusé par plusieurs organisations nationales et internationales de tentatives de déstabilisation institutionnelle et d’atteinte à l’intégrité territoriale de la République.
Malgré cette complexité, ces chefs ont souhaité rencontrer l’ancien chef de l’État pour solliciter sa sagesse, son expérience politique et son influence, afin de contribuer à une sortie de crise et à la reconstruction durable du pays.
Les doléances : paix, développement et lutte contre la corruption
Les échanges ont porté sur des préoccupations majeures partagées par les communautés du Nord-Kivu : L’accompagnement urgent du retour des déplacés internes, fuyant les zones de conflit vers les centres urbains ; la relance des activités agro-pastorales, jugées vitales pour l’autonomie économique des zones rurales ; la lutte contre la corruption et les détournements récurrents des deniers publics ; la nécessité de mettre un terme à la gouvernance autoritaire et opaque qui mine les institutions ; et enfin, les vives inquiétudes suscitées par le projet d’accord “Minerais contre sécurité”, dont les termes restent flous et fortement contestés par une partie de la société civile.
Une rencontre révélatrice d’un double enjeu : paix et légitimité
Cette rencontre soulève des enjeux de fond sur la légitimité des autorités coutumières actuelles dans des territoires sous influence ou ex-occupation du M23. Pour plusieurs observateurs, la présence de ces chefs à la table des consultations reflète la complexité du tissu institutionnel local, où les lignes d’autorité ont été altérées par les conflits armés et les agendas parallèles.
Cependant, le choix de Joseph Kabila de les écouter peut aussi être interprété comme un geste de dépassement des clivages, en faveur d’un processus plus large de réconciliation, incluant même ceux dont la légitimité est contestée.
Kabila promet de jouer sa partition
En réponse aux préoccupations formulées, l’ancien Président a réaffirmé sa volonté de continuer à accompagner le peuple congolais dans sa quête de paix, de justice et de développement durable.
« L’avenir du Congo passe par une écoute active de toutes les voix, même celles issues de contextes complexes. Il faut dialoguer, mais surtout restaurer une gouvernance équitable, enracinée dans la vérité, la responsabilité et le respect des lois de la République », a-t-il martelé.
La démarche engagée par Joseph Kabila s’inscrit dans une volonté manifeste de jouer un rôle d’interface entre les communautés, les autorités de facto, les victimes de guerre et les institutions républicaines. Mais elle met aussi en lumière la nécessité de clarifier le statut, la légitimité et le rôle des chefs traditionnels issus des zones d’influence rebelle, dans un futur processus de stabilisation.
Cette rencontre n’est pas seulement une consultation coutumière. Elle est un miroir des tensions profondes qui traversent la gouvernance locale en RDC aujourd’hui. Une chose est sûre : le chemin vers la paix passera inévitablement par une relecture courageuse de la légitimité institutionnelle, une lutte résolue contre la prédation, et une reconstruction politique concertée, bien que cette démarche de l’ancien chef de l’État reste critiquée par Kinshasa.
