Ituri : Le gouverneur militaire dénonce des dysfonctionnements dans l’approvisionnement des FARDC

Le lieutenant général Johnny Luboya Nkashama, gouverneur militaire de la province de l’Ituri, a exprimé publiquement ses préoccupations concernant plusieurs problèmes structurels affectant les forces armées dans sa région.
Dans une déclaration vidéo largement partagée sur les plateformes numériques ces derniers jours, le haut responsable militaire a soulevé plusieurs points critiques concernant la gestion des ressources militaires et le soutien aux soldats déployés sur le terrain.
Le gouverneur militaire a directement dénoncé les conditions d’alimentation des soldats : « Aujourd’hui les militaires au front ne mangent que pendant 15 jours. Mais allez au ministère demander combien d’argent on débloque pour les vivres. Les fonds ont quadruplé, mais les militaires au front ne voient pas ce changement ». Ces propos soulignent un décalage apparent entre l’augmentation des budgets alloués et leur distribution effective sur le terrain.
Le lieutenant général a également dénoncé l’opacité concernant les effectifs réels : « J’avais dénoncé devant le chef de l’État lorsqu’il est arrivé ici pour la première fois. J’avais parlé du problème des effectifs […] Là où il faut avoir 1200 militaires, on trouve 300 ou 400. Et jamais les responsables n’ont été mis en cause ». Il a souligné que ce problème persistant affecte l’efficacité opérationnelle dans une zone de conflit.
Par ailleurs, le gouverneur militaire a établi un lien direct entre le traitement des veuves de militaires et la motivation des troupes : « Si des militaires qui sont en train de mourir au front entendent que les veuves ne sont pas payées, ils n’auront pas le courage de se sacrifier. Ils diront que leurs enfants subiront le même sort lorsqu’ils ne seront pas là. Ça touche vraiment au moral des militaires ». Il a insisté sur l’urgence de résoudre cette question dans un contexte opérationnel sensible.
Johnny Luboya Nkashama a également exprimé ses réserves sur l’efficacité des inspections : « On doit avoir des contrôles sérieux pour avoir de bons résultats », a-t-il déclaré, remettant en question la rigueur des inspections menées par l’Inspectorat général des FARDC. Il a également ajouté : « Nous sommes dans une zone opérationnelle […] On n’a pas le droit de nous déstabiliser en ce moment avec tous les problèmes que nous avons ».
Selon les données du Fonds monétaire international, la République démocratique du Congo a consacré près d’un milliard de dollars aux dépenses militaires durant les quatre premiers mois de 2025, représentant la moitié du montant total engagé sur l’ensemble de l’année précédente. Cette augmentation substantielle des investissements militaires intervient dans un contexte sécuritaire complexe dans l’est du pays, où plusieurs groupes armés demeurent actifs.
Azga Shachikere