RDC : la SADC se retire, Kigali ouvre un couloir sécurisé

Alors que Goma continue de trembler sous la menace persistante des armes et l’ombre du mouvement du M23, une image inattendue vient marquer l’actualité régionale : les forces de la SADC quittant discrètement le sol congolais, non pas en héros, mais par la frontière rwandaise. Ironie du sort ou symbole d’un échec diplomatique et militaire ? Ce départ, organisé loin des caméras, soulève plus de questions qu’il n’apporte de réponses. Pourquoi une mission censée garantir la paix finit-elle par négocier son passage avec ceux qu’elle devait contenir ? Et quel avenir pour une région livrée à ses incertitudes ?
La mission régionale, connue sous le nom de SAMIDRC, avait été déployée fin 2023 pour soutenir Kinshasa dans sa lutte contre les groupes armés actifs dans les provinces orientales du pays, notamment le M23. Cependant, à la mi-mars, la SADC a officiellement annoncé la fin du mandat de sa force, entamant un processus de désengagement progressif.

Un retrait sous haute sécurité
Selon deux diplomates impliqués ni dans les discussions, les autorités rwandaises ont accepté de faciliter le passage terrestre des soldats en partance, tout en exigeant que les équipements militaires soient scellés pour garantir la sécurité sur leur territoire. Cette décision constitue une avancée dans un climat régional tendu, alors que Kigali et Kinshasa s’accusent mutuellement de soutenir des groupes armés.
La gravité de la situation a conduit à la convocation d’une réunion d’urgence le 14 avril à Dar-es-Salaam, sous l’égide du professeur Kula Theletsane, responsable de l’Organe de la SADC pour la politique, la défense et la sécurité. Au terme de cette rencontre, l’option d’un retrait terrestre transitant par le territoire rwandais a été validée comme la solution la plus pragmatique, malgré les défis logistiques et, surtout, diplomatiques qu’elle représente. Ces derniers sont soupçonnés par les autorités du M23, d’être à la base des troubles et tentatives de récupération de Goma et d’autres zones sous contrôle du M23 par les FARDC et leurs alliés Wazalendo.

Le retrait concerne environ 200 militaires, dont des blessés, des malades et des femmes enceintes, principalement originaires d’Afrique du Sud et du Malawi.
Les troupes se dirigeront vers Chato, en Tanzanie, où chaque pays contributeur notamment l’Afrique du Sud, le Malawi et la Tanzanie récupérera ses soldats.
Ils sont venus en libérateurs, ils repartent en négociateurs. Escortés par ceux qu’ils devaient contenir, contraints de quitter le sol congolais par la frontière d’un pays accusé de soutenir le mouvement sur place. Ce n’est pas seulement une mission qui se retire, c’est une défaite morale, un aveu silencieux de l’impuissance régionale.
La paix, elle, n’a jamais eu de passeport.