RDC : Guerre à l’Est, Goma et Bukavu entre Peur et Adaptation Contrainte

Sous les cieux désespérés de Goma et Bukavu, l’humanité se trouve menacée. Occupées par le mouvement du M23 et dévastées par les affrontements quatre mois maintenant, ces villes ne sont plus que l’ombre d’elles-mêmes, où chaque rue, chaque foyer, porte le poids d’une souffrance infinie. Dans ce silence pesant, un autre combat se joue : celui de la survie.
Après plusieurs mois d’intenses affrontements qui ont conduit à l’occupation de Goma et Bukavu par le mouvement du M23, la population des zones affectées vit aujourd’hui un véritable cauchemar humanitaire et social. Sous l’emprise du M23, la vie quotidienne de ces citoyens est marquée par une crise multidimensionnelle qui touche aussi bien la sécurité, l’économie, que l’éducation et la santé.
Quatre mois après l’occupation de ces deux villes stratégiques du Nord et du Sud-Kivu, la situation reste gravement instable. Les habitants, autrefois habitués à une routine de vie malgré les défis, se retrouvent aujourd’hui pris au piège de traumatismes psychologiques profonds. Les peurs liées à l’occupation, ainsi qu’à l’insécurité généralisée, laissent place à une forme d’adaptation contrainte marquée par le stress, des troubles psychologiques, des migraines récurrentes, et des problèmes de santé mentale.

“La guerre est partout, et l’adaptation à ce quotidien devient un combat permanent”, explique un habitant de Goma. “Nous devons vivre en silence, dissimuler nos pensées et nous cacher pour survivre”, ajoute-t-il, décrivant un quotidien fait de silence de façade, de déplacements secrets, et de très rares contacts extérieurs.
L’insécurité omniprésente nourrit des peurs constantes parmi les habitants, qui sont confrontés chaque jour à des fusillades, des disparitions, des tortures, des vols, et des violences diverses. Selon les dernières estimations, plus de 6000 personnes auraient perdu la vie dans ces deux villes lors des récents affrontements, tandis que près de 7 millions de personnes ont été contraintes à l’exil à l’intérieur comme à l’extérieur du pays.

L’aéroport de Goma, fermé depuis l’occupation, est devenu un symbole de cette dégradation car, sa passivité accentue la crise sanitaire qui frappe durement la population, les structures sanitaires étant dans une pénurie absolue de médicaments et d’équipements médicaux. Les conditions sanitaires se détériorent, plongeant les habitants dans une famine endémique et des maladies incontrôlées.
À côté de la guerre, l’économie locale succombe sous l’effet combiné de la fermeture des banques, des structures de microfinance, et des pillage de biens pendant les journées tendues de violence. Le manque d’argent liquide rend la vie encore plus difficile pour ceux qui sont toujours là. La débrouillardise, caractéristique des habitants de ces régions, est désormais mise à rude épreuve, alors que les moyens de subsistance deviennent de plus en plus rares.

Au delà de la situation humanitaire, l’impact de cette guerre s’étend également au secteur éducatif. Des écoles bombardées, d’autres utilisées comme abris pour les déplacés, ont plongé l’éducation dans un état de paralysie. De nombreux enfants ne peuvent plus suivre les cours, condamnant une génération à grandir sans la possibilité d’accès à une éducation décente, alors même que leur avenir semble de plus en plus incertain.
Face à cette situation dramatique, la population de Goma et Bukavu s’efforce de s’adapter, mais son espoir d’une issue favorable reste plus que jamais ancré dans les actions concrètes du gouvernement central. Des efforts sont en cours de la part de Kinshasa pour restaurer un semblant de normalité, mais les habitants demeurent dans l’attente d’une solution durable qui pourrait mettre fin à ce choc humanitaire.
À l’Est, la guerre ne laisse derrière elle que des ruines non seulement matérielles, mais humaines. Face à cette crise infinie, l’adaptation imposée par les habitants ne suffira pas : seule une paix durable et une solidarité internationale réelle pourront leur offrir un avenir digne. Mais tant que les cris des innocents resteront étouffés par le cris des armes et le silence diplomatique, ces villes continueront de s’éteindre à petit feu. Ces populations étant à bout de souffle, l’urgence n’est plus de constater, mais d’agir face à cette situation humanitaire précaire.