Culture

Littérature  : Bukondo Wa Hangi dérange les certitudes et ficelle « La fuite de Dieu »

Dans un monde saturé de certitudes et de slogans creux, Bukondo wa Hangi, poète engagé choisit le doute, la poésie et la voix intérieure. Son nouveau recueil de 152 pages paru aux Éditions Colline inspirée « La fuite de Dieu », ne cherche pas à convaincre, il cherche à ébranler. 

Entre vers spontanés, réflexions fragmentaires et silences habités, l’auteur tisse une œuvre qui parle à tous, mais surtout à ceux qui n’ont pas encore trouvé les mots pour dire ce qu’ils ressentent. Une parution qui ne rassure pas, mais qui réveille.

Une naissance discrète, mais inévitable

Auteur de « Traité de la civilisation des

Bahunde : Essai sur l’ethnographie des peuples d’Afrique des Grands lacs » publié en 2023, Bukondo wa Hangi ne se souvient pas du moment exact où le livre a « décidé » d’exister. Il parle plutôt de signes, de textes accumulés dans un placard, de fertilité littéraire. « Ce livre est venu être la voix et la voie pour permettre à l’humanité de découvrir une autre dimension de ma plume » confie-t-il. Une gestation silencieuse, mais nécessaire.

C’est la transition entre adolescence et âge adulte qui a nourri l’essentiel de l’écriture. Une période de jonction, de vertige, de découverte. Le confinement du COVID-19 a aussi été un catalyseur : « Une bonne partie de ce livre immortalise les sensations d’un monde socialement déconnecté ». 

Pour une génération pressée, un poète qui ralentit

Diplômé en management (Bac+5), Chercheur chez Afrikapable, membre du collectif Goma Slam Session et cofondateur de l’ASBL Tumaini RDC, Bukondo oppose les silences d’adolescence aux courses effrénées d’une époque obsédée par la réussite immédiate. Il invite à  « s’arrêter, persister, résister »  à écouter les voix étouffées en soi. Ce livre est un appel à la lenteur, à la réflexion, à la rébellion douce contre les injonctions modernes.

Le livre interroge également des vérités qu’on croyait établies, démonte les discours simplistes des « motivateurs » qui réduisent la pauvreté à un choix personnel. Il questionne la réussite, le rêve, la mort. « Il y a des morts qui méritent du respect plus que certains vivants » écrit-il. Une pensée qui dérange, mais qui éclaire.

De l’intime au collectif, une écriture libre et habitée 

Ce qui frappe, c’est la manière dont Bukondo transforme son expérience personnelle en une voix collective. « Quand je parle de moi, je parle de tout celui qui s’identifie à moi »  Le « je » devient un « nous », et chaque poème devient miroir.

Son style est spontané, fragmentaire, musical. L’inspiration surgit au bureau, dans le sommeil, dans les rêves. « J’aime ce moment où l’encre coule d’elle-même, sans forcer, sans condition, et sans bruit ». La forme poétique s’est imposée d’elle-même, comme une évidence.

Entre des influences riches et variées, une lettre ouverte à tous

Mbougar Sarr, Felwin Sarr, Cheikh Anta Diop, Mudimbe, Youssoupha, Médine, Kerry James… Bukondo puise dans une constellation d’esprits critiques et de voix engagées. Son œuvre est à la croisée de la littérature, du slam et de la philosophie.

«  À tous. Adolescents, jeunes adultes et vieux », dit-il. La fuite de Dieu est un tunnel où chacun peut avancer à son rythme, selon sa propre soif. Ce n’est ni un début ni une fin dans son parcours d’auteur, mais une étape. Et déjà, d’autres projets sont en gestation.

Une phrase pour résumer ? 

«  Donner à penser et penser à donner ». Voilà le cœur du livre. Une invitation à réfléchir, à ressentir, à partager. Une œuvre qui ne cherche pas à plaire, mais à éveiller.

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