Justice

Kisangani : 25 ans après, les victimes de la guerre des Six Jours toujours sans justice

Vingt-cinq ans après les affrontements meurtriers entre les troupes rwandaises et ougandaises à Kisangani, dans le nord-est de la République démocratique du Congo, les survivants et familles des victimes attendent toujours que justice leur soit rendue. Dans un rapport publié ce jeudi, Amnesty International dénonce l’impunité persistante et l’inaction des institutions nationales et internationales face à ce drame.

Intitulé « Le Congo, ça n’émeut personne ? 25 ans sans justice pour la guerre de Six Jours à Kisangani », le rapport met en lumière le silence judiciaire qui entoure ce conflit, l’un des plus sanglants de la Deuxième Guerre du Congo. Entre le 5 et le 10 juin 2000, la ville de Kisangani fut le théâtre de violents affrontements entre deux anciennes forces alliées, causant la mort de centaines de civils, de nombreux cas de viols, ainsi que des destructions massives de biens.

« Il est inconcevable qu’un quart de siècle plus tard, aucune personne n’ait été poursuivie ou tenue pour responsable des atrocités commises à Kisangani », s’indigne Tigere Chagutah, directeur régional d’Amnesty International pour l’Afrique centrale et australe.

L’organisation de défense des droits humains pointe du doigt l’absence d’enquêtes indépendantes et de procédures judiciaires, tant au niveau national qu’international. Ni les juridictions congolaises, ni la Cour pénale internationale n’ont jusqu’à présent engagé de poursuites liées à cette guerre.

Pourtant, les appels à la justice ne faiblissent pas. De nombreux survivants expriment aujourd’hui leur lassitude face à l’inaction des autorités. « Ce que nous voulons, c’est l’installation de tribunaux. C’est un besoin urgent pour tous les Congolais. Le sentiment de frustration grandit chaque jour », confie un rescapé.

Le conflit de Kisangani, connu sous le nom de « guerre des Six Jours », reste un symbole de l’impunité qui entoure les crimes de guerre en RDC. Amnesty International appelle les autorités congolaises à initier des enquêtes sérieuses et à collaborer avec les instances judiciaires internationales pour rendre justice aux victimes.

Alors que les stigmates de cette guerre sont encore visibles à Kisangani, les survivants, eux, refusent d’oublier. Ils espèrent qu’un jour, la vérité sera reconnue et que justice leur sera enfin rendue.

Azga Shachikere

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