
Un tribunal du New Jersey a statué en faveur du journaliste d’investigation ghanéen Anas Aremeyaw Anas, lui accordant 18 millions de dollars de dommages et intérêts après avoir été diffamé par l’ancien député Kennedy Agyapong. Cette décision fait suite aux déclarations de ce dernier dans un podcast de 2021, où il avait qualifié Anas de « criminel » et l’avait impliqué dans le meurtre de son confrère Ahmed Suale. Le jury de la Cour supérieure du comté d’Essex a jugé ces propos diffamatoires, rejetant l’argumentation des avocats d’Agyapong selon laquelle il s’agissait d’hyperboles et d’opinions.
Anas, reconnu pour ses enquêtes sur la corruption, notamment dans le football ghanéen via un reportage de la BBC en 2018, a salué ce verdict comme une victoire pour la liberté de la presse. « La justice a prévalu. Cette victoire appartient à tous les journalistes qui risquent leur vie pour exposer la vérité », a-t-il déclaré. L’affaire revêt une importance particulière, car elle survient après qu’Anas ait perdu un précédent procès au Ghana, renforçant ainsi la portée internationale de cette décision de justice.
Ce verdict met en lumière les risques que courent les personnalités publiques en cas de diffamation, notamment à l’ère des réseaux sociaux où les accusations se propagent rapidement. En République Démocratique du Congo, des journalistes comme Steve Wembi, Stanis Bujakera et Rodriguez Katsuva ont récemment été la cible d’accusations graves sur Twitter, relayées par des figures politiques et des influenceurs. Si des procès similaires venaient à être intentés devant des juridictions internationales, les hommes politiques congolais pourraient être exposés à de lourdes sanctions judiciaires, démontrant ainsi que la liberté d’expression ne protège pas les discours diffamatoires.