PolitiqueSécurité

RDC-RWANDA : Du sang à la signature, Kinshasa et Kigali jurent la paix à Washington

Ils se sont longtemps regardés à travers les feux des armes, mais voici désormais, ce vendredi 25 avril 2025 à Washington, la RDC et le Rwanda ont surpris le monde entier. Dans une salle feutrée du Département d’État américain, les deux voisins ennemis ont apposé leurs signatures sur une déclaration de principes qui pourrait redessiner le destin de la région des Grands Lacs. 

Sincère rapprochement ou nouvelle illusion diplomatique ?

En présence de médiateurs internationaux, les deux pays ont affirmé leur volonté commune de restaurer la confiance, de renforcer la coopération économique et de s’engager fermement sur la voie de la paix.

La déclaration, signée sous l’égide des États-Unis et avec le soutien de plusieurs partenaires internationaux, met l’accent sur le respect de l’intégrité territoriale, principe fondamental du droit international et pierre angulaire de la souveraineté des États. Pour la RDC, souvent confrontée à des incursions de groupes armés opérant depuis le Rwanda ou bénéficiant de complicités transfrontalières, cette reconnaissance est un geste fort.

Au-delà des enjeux sécuritaires, le texte accorde une place importante à la coopération économique. Kinshasa et Kigali se sont engagés à faciliter les échanges commerciaux, les investissements croisés et à promouvoir les infrastructures régionales (routes, énergie, télécommunications). Une telle dynamique pourrait transformer la région des Grands-Lacs en un hub économique, à condition que la stabilité suive.

Alors que la mission onusienne MONUSCO est engagée dans une transition progressive de son retrait, la déclaration réaffirme le soutien des deux parties à son mandat. Cela inclut la protection des civils, le désarmement des groupes armés et la sécurisation des zones frontalières. Cette coopération pourrait faciliter une sortie responsable de la MONUSCO tout en préparant une prise de relais par des forces régionales renforcées.

Les deux États ont insisté sur leur engagement à résoudre les différends par le dialogue, à respecter les accords bilatéraux et régionaux, et à soutenir les mécanismes existants comme le processus de Luanda ou les efforts de la CIRGL (Conférence Internationale sur la Région des Grands Lacs). Cette volonté politique, si elle se concrétise, pourrait faire basculer la région vers une nouvelle ère.

Si la communauté internationale a salué cette avancée, sur le terrain, les populations restent prudentes. Les habitants de l’Est de la RDC, lassés par des décennies de violence, attendent des actions concrètes plutôt que des déclarations symboliques. Néanmoins, cette initiative est perçue comme une fenêtre d’opportunité historique.

La signature de cette déclaration à Washington ouvre une nouvelle page dans les relations tumultueuses entre la RDC et le Rwanda. Elle pourrait marquer le début d’un véritable processus de réconciliation régionale, à condition que les engagements soient suivis d’actes tangibles sur le terrain. Pour les peuples des deux pays, l’heure est à l’espérance vigilante.

La déclaration de Washington marque sans doute un tournant diplomatique, mais elle ne sera crédible que si elle se traduit par une désescalade réelle sur le terrain. Tant que les populations de l’Est continueront de vivre sous la menace des armes, chaque engagement restera un pari sur l’avenir. La paix, en Afrique des Grands Lacs, ne se joue pas dans les salons internationaux, mais dans les actes concrets, là où la peur est encore quotidienne et la confiance, un luxe rare.

Voici le communiqué de presse signé par le ministère des affaires étrangères ainsi que celui du Qatar exprimant sa satisfaction vis-à-vis de cet accord historique : 

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page