RDC : L’AFC/M23 retire sa délégation de Doha après un mois de discussions confidentielles

Après plus de 30 jours de pourparlers à huis clos à Doha dans la capitale Qatarie, le mouvement politico-militaire AFC/M23, a rappelé sa délégation, sans qu’aucune information officielle ne filtre sur la nature ni les résultats des discussions engagées avec les autorités de Kinshasa.
Le retour à Goma de la délégation dirigée par Benjamin Mbonimpa, l’un des deux Secrétaires Permanents du mouvement, marque un tournant dans une tentative diplomatique restée dans l’ombre.

Les pourparlers tenus à Doha, sous l’égide de médiateurs non officiellement identifiés, visaient selon plusieurs sources à désamorcer l’escalade militaire et à rechercher une solution politique au conflit qui secoue l’Est de la RDC. Toutefois, l’absence totale de communication officielle, tant de la part du gouvernement congolais que du mouvement rebelle, a nourri spéculations et frustrations.
L’annonce du retrait de la délégation de l’AFC/M23 a été faite non pas par les protagonistes eux-mêmes, mais via le journaliste Steve Wembi, connu pour sa proximité avec l’ancien président Joseph Kabila. Cette manière indirecte de communiquer soulève des interrogations sur le degré de transparence et de volonté politique réelle derrière ces pourparlers.

Le silence du mouvement de Corneille Nangaa laisse place à plusieurs interprétations. Est-ce le signe d’un désaccord profond, d’un blocage dans les discussions ou d’un simple repli tactique ? À ce jour, aucun communiqué officiel n’a été émis par l’AFC/M23 pour justifier ce retrait, et Kinshasa n’a pas non plus commenté la situation.
En coulisses, certains analystes évoquent des divergences sur les préalables à un éventuel cessez-le-feu, ou des désaccords sur les garanties politiques exigées par le M23. D’autres y voient une tentative de pression, voire de discrédit, visant à forcer la main à la délégation congolaise.
Cette opacité ne fait qu’accentuer le climat de méfiance dans une région déjà marquée par la violence, les déplacements massifs de populations et une crise humanitaire de grande ampleur. Dans ce contexte, l’absence de communication publique renforce les tensions et prive les citoyens d’une lecture claire du processus en cours, surtout avec les consultations que mène l’ancien chef de l’Etat et sénateur à vie à Goma, Joseph Kabila.
La question demeure : Doha était-elle une vraie tentative de paix ou un simple théâtre diplomatique sans véritable volonté de concession des deux camps ?

Le retour de la délégation à Goma pourrait signifier une reprise de la confrontation militaire, à moins qu’il ne s’agisse d’une pause stratégique avant une nouvelle phase de négociation. Pour les observateurs, la relance d’un dialogue crédible, inclusif et transparent reste urgente, afin d’éviter un nouvel enlisement du processus.
Dans tous les cas, le peuple congolais, principal otage de cette crise, attend des actes concrets et une communication honnête sur les intentions réelles de chaque partie.