RDC : La CENCO plaide pour la réouverture des banques et aéroports en zones occupées

Alors que les territoires de l’Est de la RDC restent sous la coupe du mouvement de l’AFC/M23, la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) tire la sonnette d’alarme. Elle dénonce l’aggravation des conditions de vie dans ces zones, rendues plus critiques encore par la fermeture des banques et des aéroports. À travers un plaidoyer discret mais déterminé, l’Église catholique appelle à la réouverture urgente de ces services vitaux, tout en pointant un désordre politique et institutionnel généralisé.
Lors d’une conférence de presse tenue vendredi 16 mai, l’abbé Donatien Nshole, Secrétaire général de la CENCO, a dénoncé la précarité grandissante dans les territoires occupés, où les populations se retrouvent coupées du système économique formel, sans accès aux liquidités ni aux transports aériens. « La fermeture des banques et des aéroports dans les territoires sous le contrôle de l’AFC/M23 impose à plusieurs familles des conditions de vie difficiles et précaires », a-t-il déclaré.

Sans le dire ouvertement, la CENCO adresse ainsi un plaidoyer en faveur d’un minimum de continuité des services essentiels, même dans les zones de conflit. Car pour les millions de déplacés internes et les familles restées sur place, l’accès à l’argent et à la mobilité est vital. Cette fermeture aggrave non seulement les souffrances des populations, mais aussi leur dépendance à l’aide humanitaire, de plus en plus limitée.
Au-delà de la situation sécuritaire, les évêques dressent un tableau sombre du climat politique national. Ils pointent du doigt le blocage persistant dans la formation d’un gouvernement d’union nationale, les dérives du système judiciaire, et une impunité criante face aux irrégularités électorales récentes. La CENCO dénonce également la recrudescence des spoliations foncières, dont l’Église catholique elle-même est victime, symptôme d’un affaiblissement généralisé de l’autorité de l’État.
Face à ce qu’elle qualifie de « crise multidimensionnelle », la CENCO appelle à un sursaut collectif. Elle exhorte les autorités congolaises et la communauté internationale à restaurer l’État de droit, à garantir la cohésion nationale et à répondre de manière urgente aux besoins des populations oubliées de l’Est.
Ce nouvel appel de l’épiscopat s’inscrit dans une démarche constante de médiation, de veille citoyenne et de plaidoyer pour la justice sociale. Dans une région ravagée par des années de guerre, la voix de l’Église reste l’un des rares repères moraux capables de porter la détresse du peuple congolais au plus haut niveau.