
Le film STRAW de Tyler Perry frappe comme un coup de poing dans l’estomac de nos consciences endormies, révélant une vérité dérangeante : nos mensonges institutionnels, conjugaux et sociaux sont des bombes à retardement qui explosent toujours au moment le plus tragique.
Qu’il s’agisse d’un dirigeant d’entreprise qui ferme les yeux sur la détresse de ses employés, d’un banquier qui réduit chaque dossier à des chiffres froids, d’un conjoint qui ne voit plus les signaux de détresse de son partenaire, ou d’un artiste qui sacrifie son authenticité pour plaire au marché – tous participent à cette gigantesque mascarade où nous préférons les mensonges rassurants aux vérités dérangeantes. Janiyah, dans sa pauvreté matérielle, possédait une richesse que tous ces « professionnels » avaient perdue : l’honnêteté brutale de l’amour maternel et la connaissance intime de ce qui était vraiment vital pour son enfant.
La tragédie d’Aria devient le miroir impitoyable de nos propres échecs quotidiens, où nous confondons systématiquement apparence et réalité, moyens et fins, protocoles et humanité. Combien d’entreprises s’effondrent parce que les dirigeants ont préféré ignorer les signaux d’alarme de leurs équipes ? Combien de couples explosent parce qu’un partenaire a menti par omission sur ses difficultés ? Combien d’artistes perdent leur âme en mentant sur leurs véritables inspirations pour correspondre aux attentes du marché ? Le film nous hurle cette vérité : la pauvreté la plus destructrice n’est pas celle du portefeuille, mais celle de l’écoute, de l’empathie et du courage de regarder la réalité en face.
Quand les institutions « bien intentionnées » arrachent Aria à sa mère, elles commettent le même mensonge que nous commettons tous : croire que les solutions les plus coûteuses sont forcément les plus appropriées.
STRAW nous laisse face à une question terrifiante : et si nos propres mensonges, nos propres jugements hâtifs, nos propres négligences étaient en train de tuer quelqu’un quelque part ? Car la leçon ultime du film transcende l’histoire de Janiyah et Aria : elle nous concerne tous, dans nos bureaux climatisés, nos maisons confortables, nos ateliers d’artistes. Chaque fois que nous choisissons le mensonge confortable plutôt que la vérité dérangeante, chaque fois que nous jugeons sans comprendre, chaque fois que nous réduisons l’humain à des statistiques ou des apparences, nous préparons notre propre version de cette tragédie.
Le film nous rappelle avec une cruauté nécessaire que la vérité a un coût, mais que le mensonge en a toujours un plus élevé et que parfois, quand nous décidons enfin de payer le prix de l’honnêteté, il est déjà trop tard pour réparer les cœurs brisés et les vies détruites.
Azga Shachikere