Sécurité

RDC : L’horreur se répète en Ituri pendant que les ADF massacre des civils à Komanda

Une nuit d’horreur a de nouveau frappé l’Est de la République Démocratique du Congo. Le dimanche 27 juillet 2025, aux alentours de 1h du matin, la localité de Komanda, située dans le territoire d’Irumu, a été le théâtre d’une attaque sanglante attribuée aux rebelles des Forces Démocratiques Alliées (ADF). Selon des sources locales et la société civile, au moins 40 civils ont été tués, plusieurs personnes portées disparues, des maisons incendiées et des familles brutalement décimées.

Les témoignages recueillis sur place font état d’une attaque ciblée et méthodique. Les assaillants ont encerclé plusieurs habitations avant d’y pénétrer, massacrant les occupants sans distinction d’âge ou de sexe. Des habitations entières ont été réduites en cendres. Dans un climat de panique totale, les survivants n’ont pu que fuir vers les forêts environnantes, abandonnant tout derrière eux.

« Nous avons entendu les cris et les coups de feu, mais personne n’est venu à notre secours. L’armée n’est jamais intervenue. C’était comme si nos vies ne comptaient pas », confie un habitant ayant échappé de justesse au massacre.

Ce nouveau drame relance la polémique sur l’efficacité de l’état de siège en vigueur dans la province de l’Ituri depuis plus de trois ans. Malgré la militarisation de l’administration civile, les attaques rebelles se poursuivent avec une régularité glaçante, souvent en l’absence de réaction des Forces armées de la RDC (FARDC).

La société civile locale dénonce un abandon manifeste de la population : « Il n’y avait aucune patrouille, aucun renfort, aucune réponse. L’armée est invisible quand les civils tombent. À quoi sert l’état de siège si l’on meurt pareil ? »

Les ADF, groupe armé d’origine ougandaise affilié depuis plusieurs années à l’État islamique (EI), sont accusés de centaines de massacres dans les provinces de l’Ituri et du Nord-Kivu. Leur modus operandi reste le même : frapper de nuit, viser des villages isolés, semer la terreur.

Suite à ce massacre de plus de quarante civils, le commandant du secteur opérationnel de l’Ituri, le général-major Bruno Mandevu, a lancé un appel urgent à la population de Komanda. Il a exhorté les habitants à cesser toute collaboration avec l’ennemi, soulignant que les ADF ne peuvent opérer sans complicités internes. Le général Mandevu a affirmé que les rebelles étaient accompagnés d’habitants de Komanda lors de l’attaque. Il a également annoncé l’arrivée imminente de renforts militaires pour sécuriser la zone.

Quant aux évêques et pasteurs, ils appellent à des enquêtes sérieuses face à cette recrudescence de l’insécurité. La CENCO insiste sur la mise en œuvre de l’initiative conjointe ECC-CENCO, « Le pacte social » qui pourrait se pencher sur cette question.

Malgré les promesses du gouvernement congolais et le soutien militaire de partenaires régionaux comme l’Ouganda ou la MONUSCO, la capacité de nuisance des ADF ne faiblit pas. Les civils restent les premières victimes d’un conflit où les lignes de front sont floues, et où la sécurité demeure une promesse vide de sens.

Dans tout le pays, les voix s’élèvent. Activistes, élus locaux, défenseurs des droits humains dénoncent un silence complice et un manque de volonté politique. L’attaque de Komanda n’est pas un cas isolé, elle s’inscrit dans une série de massacres qui endeuillent la région chaque semaine dans une indifférence quasi-généralisée.

Le gouvernement congolais a annoncé l’ouverture d’une enquête et a promis des mesures via le porte parole des FARDC Sylvain EKENGE. Mais pour les habitants de Komanda, le sentiment dominant est l’abandon et la trahison.

Au-delà des chiffres macabres, ce sont des vies brisées, des familles détruites, des enfants traumatisés à vie. Des besoins humanitaires urgents s’imposent, abris, nourriture, soins médicaux, accompagnement psychologique. Mais aussi un travail de justice et de mémoire pour que ces morts ne soient pas oubliés, pour que l’impunité ne continue pas d’alimenter la spirale de la violence.

Le massacre de Komanda est un rappel brutal de la crise sécuritaire persistante dans l’Est de la RDC. Il interroge sur la responsabilité de l’État, la passivité des institutions, et la résilience du peuple congolais. Jusqu’à quand les civils devront-ils payer de leur sang l’indifférence des puissants et la lenteur des réponses sécuritaires ?

En hommage aux victimes de Komanda, il est impératif que la communauté nationale et internationale se réveille, non seulement pour pleurer, mais pour agir.

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